A l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes qui a lieu le 25 novembre et des 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes, Bo Viktor Nylund, Représentant de l’UNICEF au Burundi, et Carlène Kaneza, 16 ans, enfant journaliste à Bujumbura, ont inversé leurs rôles. Mr. Nylund, en tant que journaliste pour la journée, a tendu le microphone à Carlène sur les violences infligées aux filles au Burundi, notamment au sujet de la non-réalisation de leurs droits.
Bo Viktor Nylund : Quelle est la situation des filles à Bujumbura?
Carlène Kaneza : A Bujumbura il y a beaucoup de problèmes, surtout pour les filles. Il y a des enfants qui restent dans la rue, qui mendient. D’autres parce qu’elles n’ont pas de parents ne peuvent pas payer leurs frais de scolarité, ou pour manger, elles font la prostitution. Elles errent dans la rue pour pouvoir trouver un homme.
BVN : Est-ce les filles sont plus vulnérables que les garçons ?
CK : Oui. Ici en ville, c’est un peu développé. Mais si on regarde à l’intérieur du pays, quand les filles arrivent à l’école secondaire, elles sont obligées d’interrompre, car elles n’ont pas l’argent pour payer leurs études secondaires. Les parents disent, la place de la fille, c’est à la maison, dans les travaux ménagers. Alors que c’est faux ! Les filles sont toujours les premières en classe. Ce sont elles qui sont intelligentes. On dirait que la fille n’a pas une bonne place dans la société.
BVN : Comment changer la société pour que les filles soient plus reconnues?
CK : Je pense que c’est la méthode de gratuité de l’éducation que le Président a mis en place qui a poussé les gens à envoyer leurs filles à l’école. Sinon je crois qu’ils diraient, si je paie des études pour les filles, c’est des centimes dépensés pour rien. Ils pensent que s’ils ont un garçon, il pourra être président ou ministre. Ils pensent que les filles n’auront pas de place dans le gouvernement.
BVN : En tant qu’enfant journaliste, quel est ton rôle pour promouvoir la place de la fille?
CK : Avant je faisais des émissions mais malheureusement, on n’a plus de médias [les médias indépendants au Burundi ont été détruits en mai, ndrl.] Mais on peut le faire aussi sur les réseaux sociaux. Je peux rédiger quelque chose et le poster sur Facebook et Twitter pour qu’il y ait un changement. Je n’ai rien de matériel, mais je peux avoir une idée ou un conseil et le mettre sur les réseaux sociaux.
BVN : Si tu travaillais avec l’UNICEF, comment ferais-tu pour améliorer la situation des jeunes filles?
CK : C’est le dialogue qui compte avant toute chose. On doit avoir des personnes qui enseignent aux autres, surtout à la campagne, qu’une fille a de l’importance. Je pense que c’est la pauvreté qui fait tout ça [la non reconnaissance des filles, ndlr]. Il faut lancer aux parents des projets qui leur aident à avoir de l’argent, à se développer.
Je compte beaucoup sur l’éducation des filles. Je vois plusieurs filles qui errent dans la rue parce qu’elles n’ont pas une éducation. Ce serait mieux qu’elles aillent à l’école plutôt qu’errer dans la rue. Plusieurs filles qui ont étudié ont arrêté en 6ième année parce qu’elles n’ont pas le droit de gratuité dans l’école secondaire. Il faut faire multiplier les écoles et avoir une gratuité de l’école primaire et secondaire.