Nyanza-Lac, Burundi - Ici, le long des rives du lac Tanganyika, les rues animées contrastent avec le calme des eaux de surface. Les agriculteurs vont et viennent dans les champs, les pêcheurs vendent le poisson frais du matin, les femmes discutent devant des étals de fruits colorés. C'est ici que Daïnesse Nkurunziza, 17 ans, a grandi. Issue d'une famille très pauvre, elle n'a pas eu le privilège de poursuivre sa scolarité. La vie était difficile, mais surtout sans but.
Pour s'occuper, Daïnesse, comme la plupart des adolescents non scolarisés du village, passait une bonne partie de ses journées à errer le long de la côte. Passer autant de temps à l'extérieur faisait d'elle une proie facile pour les agressions, dit-elle. "Je n'avais rien d'autre à faire, aucune possibilité de faire quelque chose d'utile pour les autres".
Un jour, la vie de Daïnesse a pris un tournant. Elle a été identifiée par la Province de l'Église anglicane du Burundi (PEAB), une organisation locale qui met en œuvre un programme de développement des compétences de vie avec le soutien de l'UNICEF Burundi.
Déterminée à profiter de cette opportunité, Daïnesse a pu
changer son histoire en créant un atelier de couture. Et la confection de
vêtements est devenue sa passion : "Au début, je pensais que c'était juste
une autre activité pour occuper les jeunes non scolarisés. Petit à petit, j'ai
réalisé que cela pouvait changer ma vie pour le meilleur", dit-elle.
La couture a fait connaître ses talents à son entourage,
dit-elle. Dans son atelier, elle aide d'autres jeunes à apprendre le métier.
"Les gens du village parlent maintenant de moi en termes positifs. Pour
une jeune fille de 17 ans, je suis devenue assez célèbre", dit-elle en
souriant.
La réussite de Daïnesse a même trouvé un écho au-delà de
son village. Lorsqu'une réunion virtuelle de haut niveau de la Commission de
consolidation de la paix (CCP) s'est tenue à Bujumbura sur le thème de la
promotion de l'autonomisation économique et de l'esprit d'entreprise chez les
jeunes Burundais, la CCP n'a trouvé personne pour s'adresser à l'auditoire.
Daïnesse était très satisfait : "C'était un moment
unique pour moi. Être applaudi après mon discours par tant de personnes et
d'invités de marque... C'était un moment inoubliable dans ma vie !"
"Je n'étais jamais allé à Bujumbura auparavant. Je
suis heureux d'avoir pu faire l'expérience de la capitale. Mais la partie la
plus passionnante de cette expérience a été la rencontre que j'ai eue avec
d'autres jeunes et des défenseurs des programmes de développement de la
jeunesse."
De cette rencontre virtuelle, Daïnesse est revenue très
motivée pour continuer à servir d'exemple à d'autres jeunes Burundais. Elle
n'est plus une jeune fille sans emploi et démotivée, mais un modèle. "J'ai
un travail, beaucoup de motivation et un but dans ma vie", dit-elle.
"Pendant mon temps libre, je pense souvent aux projets que je veux
entreprendre à l'avenir, pour aider ma famille et mon village."
Grâce au programme de développement des compétences
soutenu par l'UNICEF, plus de 27 000 jeunes adolescents comme Daïnesse
bénéficient d'un soutien dans tout le pays.